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Former Demain - le Blog de David Masson

A l'heure où le numérique a envahi nos vies, les professionnels de l'enseignement et de la formation s'interrogent sur la place occupée par chacun : formateur, apprenant mais aussi savoir !! Former demain sera-t-il totalement différent d'aujourd'hui ? Quel doit être le rôle du formateur ? Sa posture ? Ses compétences ? Aura-t-on encore besoin d'un "enseignant" demain ou simplement de supports et de didacticiels conçus pour remplacer le formateur ?

Le numérique et la formation professionelle

Le numérique et la formation professionelle
La vraie place du numérique en formation :

En visitant les salons dits de "e-learning" (apprentissage par l'outil numérique), les technologies proposées impressionnent par leur niveau d'innovation et un nombre de fonctionnalités nouvelles : des caméras qui suivent l'intervenant durant sa présentation, qui affichent les slides au bon moment et qui créent un film automatiquement ; des sites de formation à distance proposant des catalogues de plus de 300 produits pour des sommes modiques ; des jeux vidéos pour apprendre à lire et à écrire... la liste est longue.

Le visiteur imagine alors de vraies révolutions de l'enseignement et s'attend à croiser toutes ces technologies à chaque coin d'amphi ou de salle de cours. Pour autant, ces innovations restent bien accessoires et ne sont pas encore pleinement entrées dans nos écoles et nos centres de formation.

Pour autant, la place du numérique dans l'enseignement est une vraie question quand l'étudiant ou le stagiaire consulte son smartphone pendant que l'enseignant oeuvre et contredit (au pire), précise (parfois) ou valide (au mieux) les propos de l'enseignant. La vraie place du numérique, aujourd'hui, c'est la masse de connaissances disponible gratuitement, tout le temps et facilement via un accès à Internet.

Bien sur, cette masse d'informations induit de nouvelles compétences : recherche d'informations, tri et croisement des informations, analyse ou encore vérification des sources. Un travail important reste à construire pour apprendre à l'apprenant comment, où et quoi chercher et en vérifier la pertinence.

Mais, la vraie question qui se pose, et qui commence à inquiéter à juste titre le corps enseignant, est de savoir où est la place des transmetteurs de connaissances (parfois de savoirs) ?

La place de l'enseignant dans le schéma "éducation nationale"

Depuis des siècles, le système éducatif est construit sur un modèle dit transmissif : l'enseignant est détenteur du savoir et le dispense aux élèves "ignorants". L'enseignant vérifie ensuite l'acquisition du savoir par un aller-retour de la connaissance entre lui-même et l'élève.

L'enseignant se retrouve donc entre l'élève et le savoir avec toutes les questions que cela pose et les risques que cela génère :

- comment être certain de l'impartialité dans le choix du savoir transmis ?

- quelle est la garantie que le savoir correspond au besoin individuel de l'élève ?

- quelles conséquences, l'interposition entre l'évèle et le savoir, si les méthodes pédagogiques ou les relations entre l'enseignant et l'élève ne sont pas satisfaisantes ? 

- quelle liberté est accordée à l'élève quant à ses choix d'enseignement ?

- quelles conséquences en matière de motivation ?

modèle pédagogique éducation nationale

modèle pédagogique éducation nationale

L'évolution nécessaire du triangle pédagogique de J. Houssaye

Le numérique et la formation professionelle

Dans cette approche pédagogique, la place du formateur pour adulte (modèle du système de formation professionnelle) prend tout son sens. Il n'est plus le détenteur du savoir mais utilise des techniques pédagogiques diversifiées :

enseigner : il peut apporter un niveau de connaissances issues de référentiels métiers (méthode déductive)

apprendre : le formateur accompagne l'apprenant dans l'acquisition d'un savoir (ou d'une compétence) qu'il ne prétend pas détenir

former : il met en place les conditions d'apprentissage et favorise l'accompagnement pour aider l'apprenant à acquérir le savoir (méthode inductive)

 

Sans rentrer dans le détail de ces techniques pédagogiques, l'intérêt premier de ce triangle est de montrer clairement la place du formateur qui ne s’interpose pas entre le savoir et l'apprenant : il ne détient pas la science infuse et refuse de servir de modèle ou d'omniscient... 

Ce positionnement est idéal pour favoriser l'apprentissage mais souffre de deux contraintes fortes :

- l'apprenant n'est pas habitué à ce nouveau schéma, formaté qu'il est par le modèle éducation national : il attend de la transmission de contenus et ne comprend pas aisément la place du formateur. L'apprenant a tendance à croire que le formateur n'est pas utile s'il ne transmet pas !

- le formateur lui-même doit faire preuve de beaucoup d'humilité pour accepter de ne pas détenir le savoir et sa remise en questio, dans sa fonction d'outil d'enseignement, rencontre des réticences eu égard au fameux et toujours même modèle éducation national. (Je développerai ce sujet dans un autre article) 

 

Le numérique à l'assaut du triangle de J. Houssaye

Avec l'arrivée de l'océan de connaissances et de savoir qu'Internet a généré, le triangle pédagogique longtemps idéalisé et utilisé dans la formation professionnelle doit sans doute évoluer. En effet, l'apprenant n'attend plus d'être guidé vers la connaissance, il la recherche seul, remet en question les savoirs fournis par la "structure formation", il développe ses connaissances en dehors de cette structure formation pour adapter la connaissance à ses besoins, pour dépasser parfois le niveau demandé. 

Le Web 2.0 dit Web collaboratif construit du savoir en lui-même, le partage gratuitement et créer, de fait, des réseaux d'échanges de connaissances, voir de compétences.

 

le tétraèdre pédagogique

le tétraèdre pédagogique

Dans ce tétraèdre pédagogique, le 4éme pilier de l'enseignement sera ce que je nomme les réseaux. Par réseaux, j'entends un certain nombre d'acteurs :

- les groupes d'apprenants qui entre eux construisent et partagent du savoir dans ou en dehors de la structure formation

- les nombreux sites Internet qui proposent des quantités de ressources et de supports de cours gratuits

- les sites d'échanges professionnels qui partagent des avis, des savoirs, de l'expérience

- les réseaux sociaux privés ou professionnels où chacun s'exprime et produit du savoir

- les entreprises qui exercent les compétences et produisent elles aussi du savoir

 

Ainsi, le formateur devra développer de nouvelles fonctions :

- Animer : le formateur devra s'intégrer dans ces réseaux et les utiliser comme lieu de construction du savoir à la fois par sa participation mais aussi en les régulant

- faire Collaborer : le formateur organisera ces groupes de travail pour favoriser leurs productions et leurs interactions avec les réseaux

- faire Echanger : garant d'un référentiel composé de savoirs, le formateur favorisera les échanges entre les réseaux et ledit référentiel pour aider l'apprenant à se positionner individuellement voir à se dépasser.

 

Conclusion :

Le numérique fait partie intégrante de l'apprentissage et ouvre de nombreuses perspectives pour l'apprenant. Il créé parfois des confusions et peut désorienter par son immensité. 

Gageons que dans un modèle transmissif, l'avénement du numérique va remettre en cause la position même de l'enseignant et nécessiter une remise en cause fondamentale du système éducatif. 

Dans la formation professionnelle où le formateur est expert de son métier, le numérique va renforcer le rôle du formateur. En effet, par sa maîtrise des compétences et des connaissances, le formateur sera à même d'orienter l'apprenant en dehors du savoir référencé. S'appuyant sur son expertise, le formateur pourra valider les choix, voir expliquer les apports des réseaux pour contribuer à l'appropriation par l'apprenant d'un savoir individualisé. 

Le second motif de renforcement du rôle du formateur est qu'il sera en capacité d'évaluer et de valider la compétence chez l'apprenant en dehors du savoir référencé. Dans la formation professionnelle, l'objectif de l'apprentissage est l'acquisition de compétences professionnelles. Cette compétence est composée de 3 éléments indispensables :

- le savoir-faire : la mise en place d'un geste professionnel répondant à une méthodologie et à un niveau de connaissances suffisant et combiné

- le savoir-être : avoir le comportement professionnel lié à la compétence en question (dextérité, attitude, etc.)

- l'expérience : une compétence ne peut être validée qu'à la condition qu'elle soit mise en application et donc validée.

 

Le formateur, désengagé de la transmission du savoir, va pouvoir réguler les apprentissages en orientant et en intégrant les apports des réseaux dans l'appropriation du savoir-faire et se focaliser sur les autres éléments de la compétence : la mise en action des méthodes et des savoirs avec sa capacité unique à les évaluer et les valider !

 

Le numérique va donc améliorer l'appropriation des compétences à la condition que chacun comprenne sa place et accepte la place de l'autre !

 

 

 

 

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